Historique

  • Naissance d'Henri La Fontaine

    Issu de la bourgeoisie, Henri La Fontaine (1854-1943) est un avocat spécialisé dans le droit international. Pacifiste, il va promouvoir cette discipline comme moyen d’installer la paix dans le monde au travers d’associations belges et internationales, notamment au sein du Bureau international de la paix qu’il préside à partir de 1907. En 1913, il reçoit le Prix Nobel de la paix en reconnaissance de ces activités. Il prend une part importante dans les débats féministes et participe à la création de la Ligue belge du droit des femmes en 1892. Membre du Parti ouvrier belge dès sa création, il figure en 1894 parmi les premiers sénateurs socialistes en Belgique. Passionné de bibliographie, il fonde, avec Paul Otlet, l’Office international de bibliographie en 1895.
  • Naissance de Paul Otlet

    Paul Otlet (1868-1944) fonde avec Henri La Fontaine l’Institut international de bibliographie en 1895. Rapidement, il élargit son champ d’action au-delà de la bibliographie et accomplit une œuvre originale dans des domaines aussi diversifiés que la bibliographie, la photographie, la schématique, l’encyclopédie ou la documentation (dématérialisation). Ce travail et son célèbre Traité de la documentation (1934) l’amèneront à être considéré comme le père de la documentation moderne. Épris d’innovations, il anticipe avant la deuxième guerre mondiale l’arrivée d’internet. Animé par des idéaux pacifistes, utopiste, il travaille également à construire une société idéale et conçoit, notamment avec l’aide de Le Corbusier, un projet de cité mondiale.
  • Henri La Fontaine et Paul Otlet se rencontrent dans le cabinet d’Edmond Picard

    Paul Otlet est à ce moment stagiaire dans le cabinet du célèbre avocat et homme de lettres Edmond Picard, dont Henri La Fontaine est un des secrétaires. Ils vont travailler ensemble à la rédaction du recueil de jurisprudence Les Pandectes belges et se découvrir un intérêt commun pour la bibliographie.
  • Publication des premiers travaux bibliographiques

    "Sommaire périodique des revues de droit" (Paul Otlet) et "Essai de bibliographie de la paix (Henri La Fontaine)"
  • Office International de Bibliographie Sociologique

    Cet office est créé avec l’appui du gouvernement belge et sous les auspices de la Société d’études sociales et politiques et de l’Institut des sciences sociales. Son but est de collecter et de classer toutes les informations, sur tous les supports, relatives aux sciences sociales.
  • Création de l'Office international de bibliographie

    La première Conférence internationale de bibliographie se tient à Bruxelles et décide la création de l’Office international de bibliographie (OIB). L’OIB doit servir de base à l’élaboration du Répertoire bibliographique universel, pour lequel Paul Otlet et Henri La Fontaine vont développer la Classification décimale universelle (CDU).
  • Exposition universelle de Paris

    Le Répertoire bibliographique universel est présenté à l’Exposition universelle de Paris et reçoit un prix.
  • Publication de la première édition complète de la CDU

    La première édition complète de la Classification décimale universelle (CDU) est publiée dans le Manuel du Répertoire bibliographique universel. La CDU est un langage universel développé par Paul Otlet et Henri La Fontaine sur base de la classification décimale du bibliothécaire américain Melvil Dewey. Elle consiste à classer les publications sur base d’un nombre. Ce système connaîtra de nombreux développement et sera adopté par un très grand nombre de bibliothèques dans le monde.
  • Construction de la station balnéaire de Westende

    Paul Otlet propose l’exploitation touristique de terrains de chasse à Westende, legs familial. Avec l’architecte Octave Van Rysselberghe, ils créent une station balnéaire modèle, inspirée de la théorie récente des cités-jardins. Cet intérêt pour l’architecture préfigure les projets de cité mondiale de Paul Otlet.
  • Développement du concept de documentation

    Partant du constat que la connaissance ne se trouve pas seulement dans les livres, Paul Otlet élargit son champ d’action à d’autres sources d’information et devient le « père » de la documentation. Plusieurs sections sont créées entre 1905 et 1910 au sein de l’Institut international de bibliographie pour concrétiser cette idée d’encyclopédie documentaire, dont le Répertoire universel de documentation, l’Institut international de photographie ou le Musée international de la presse.
  • Invention de la microfiche

    Paul Otlet et Robert Goldschmidt inventent la microfiche normalisée pour gérer la documentation. La microfiche sert à reproduire des livres ou des périodiques et journaux. Elle sera utilisée dans les bibliothèques pour la reproduction.
  • Otlet décrit le téléphone portatif

    Dans une brochure intitulée "Les aspects du livre, Paul Otlet écrit" : « Demain la téléphonie n’aura plus de fil, comme déjà la télégraphie s’en est débarrassée. Alors, – qui nous défend d’y croire ? – nous assisterons à une nouvelle transformation du livre […] Chacun portera sur soi, dans son gousset, un tout petit cornet. Il l’accordera d’un tour de vis d’après l’intensité d’ondes adoptée par chaque centre émetteur. »
  • Création de l’Office central des Associations internationales

    Paul Otlet et Henri La Fontaine mettent sur pied l’Office central des Associations internationales en collaboration avec l’Institut international pour la paix. Cette institution, d’origine privée, se veut indépendante des Nations et s’inscrit dans la voie pacifiste.
  • Exposition universelle de Bruxelles et création du Musée international

    En marge de l’Exposition universelle de Bruxelles et dans le cadre du Congrès mondial des Associations internationales, une exposition musée est organisée pour permettre à chaque association internationale de présenter ses activités. Ce musée international sera ensuite installé au Palais du Cinquantenaire : il réunira des collections internationales visant à illustrer le monde et ses connaissances.
  • Le projet de Cité mondiale

    L’idée d’une Cité mondiale, centre international de la connaissance pour la paix, germe dans l’esprit de Paul Otlet. Ce projet, pour lequel Otlet collabora avec plusieurs architectes, dont Le Corbusier connaîtra de nombreuses évolutions jusque dans les années trente. Sa concrétisation sera envisagée dans plusieurs endroits, dont Genève, Bruxelles ou encore Anvers.
  • Création de l’Union des Associations internationales

    À l’occasion du Congrès mondial des Associations internationales, l’Office central des Associations internationales est rebaptisé l’Union des Associations internationales. Cette institution soutiendra la Société des Nations après la première guerre mondiale. Elle sera la première association internationale de droit privé à recevoir la reconnaissance officielle d’un État, en l’occurrence la Belgique, en 1919.
  • Création de la Société des Nations

    Henri La Fontaine est délégué de la Belgique à la Conférence de la paix de Versailles qui met fin à la première guerre mondiale et décide la création de la Société des Nations, qui anticipe la création de l’Organisation des Nations Unies en 1945. Il participera à l’Assemblée de la Société des Nations de 1920 à 1922. Il représentera l’Union des Associations internationales au moment des débats sur la création de la Commission internationale de coopération intellectuelle (préfigurant l’Unesco), tentant de faire de Bruxelles le siège de cette institution, avec le Palais mondial comme noyau central.
  • Ouverture du Palais Mondial

    L’installation du Musée international au Palais du Cinquantenaire, commencée 1914, avait été retardée par la première guerre mondiale. En 1920, le Musée international et les institutions créées par Paul Otlet et Henri La Fontaine occupent une centaine de salles. L’ensemble sera désormais appelé Palais Mondial ou Mundaneum. Dans les années 1920, Paul Otlet et Henri La Fontaine mettront également sur pied l’Encyclopedia Universalis Mundaneum, encyclopédie illustrée composée de tableaux sur planches mobiles.
  • Université internationale

    En parallèle des activités de l’Institut international de bibliographie, le Palais mondial organise divers événements tels que des conférences, des congrès. L’Université internationale, partie intégrante de la Quinzaine internationale, fera partie de ceux-ci.
  • Foire du caoutchouc au Palais mondial

    Une partie des salles occupées par le Palais mondial dans le Palais du Cinquantenaire doit être libérée pour laisser la place à une foire du caoutchouc. Cela marque le début de la remise en cause du Palais mondial par le gouvernement et aboutira à sa fermeture en 1934.
  • Création de l’association Les Amis du Palais Mondial

    L’association Les Amis du Palais mondial est fondée en 1924. Émanant de l’Union des associations internationales, elle se définit comme « centre scientifique, documentaire, éducatif, formé d’instituts et de collections » et entend poursuivre l’œuvre du Palais Mondial. Après la mort des fondateurs, c’est cette modeste association qui a poursuivi les activités du Mundaneum.
  • L’IIB devient l’Institut international de documentation

    Pour marquer l’évolution des activités de l’Institut international de bibliographie vers la documentation, l’IIB est rebaptisé l’Institut international de documentation. En 1937, cet institut sera renommé Fédération internationale de documentation (FID). La FID existera jusqu’en 2002.
  • Publication du Traité de documentation

    Paul Otlet publie son ouvrage le plus célèbre, le Traité de documentation, synthèse de sa pensée en matière de bibliographie, de documentation et d’organisation de la connaissance. Il y évoque notamment de nouvelles techniques permettant la diffusion de la connaissance (systèmes de vidéoconférence, livre téléphoté…).
  • Fermeture du Palais mondial

    Le gouvernement décide la fermeture du Palais Mondial. Si les collections sont inaccessibles, les travaux de l’IIB se poursuivent toutefois au domicile de Paul Otlet.
  • Déménagement des collections

    Pendant la deuxième guerre mondiale, les Allemands occupent le Palais du Cinquantenaire. Les collections du Mundaneum sont alors déménagées au Parc Léopold, dans l’ancien bâtiment de l’Institut d’Anatomie Raoul Warocqué.
  • Décès d’Henri La Fontaine

    Henri La Fontaine décède le 14 mai 1943.
  • Décès de Paul Otlet

    Après la mort de Paul Otlet, Georges Lorphèvre, qui était l’un de ses collaborateurs, va poursuivre les activités du Mundaneum.
  • Déménagement des collections

    Les collections sont déménagées du Parc Léopold à un bâtiment situé chaussée de Louvain. Pendant les années suivantes, elles seront à nouveau déménagées à plusieurs reprises, notamment avenue Rogier et place Rogier.
  • Première biographie de Paul Otlet

    Warden Boyd Rayward (University of Illinois) redécouvre les archives du Mundaneum et publie la première biographie de Paul Otlet, intitulée "The Universe of Information : the Work of Paul Otlet for Documentation and International Organization".
  • Dissolution de l’OIB

    Un arrêté royal abroge l’Office international de bibliographie. Le Répertoire bibliographique universel, propriété de l’État, est confié à la Bibliothèque Royale.
  • Cession des collections à la Communauté française de Belgique

    Les Amis du Palais Mondial cèdent l’ensemble des collections à la Communauté française de Belgique.
  • Arrivée à Mons

    Sur l’initiative d’Elio Di Rupo, à l’époque Ministre de l’Education de la Communauté française, les collections sont transférées dans un bâtiment de la rue de Nimy, au cœur de la ville de Mons, connu par les Montois comme un ancien grand magasin (« L’Indépendance »). L’asbl « Mundaneum » est alors créée pour gérer et valoriser ce patrimoine.
  • Ouverture de l'espace muséal

    Au cœur de ce bâtiment de style Art Déco, le Mundaneum inaugure un espace muséal dont la scénographie est réalisée par François Schuiten et Benoît Peeters.
  • Google et le Mundaneum annoncent leur collaboration

    Reconnaissant ses origines dans le travail réalisé par Paul Otlet, Google décide de soutenir le Mundaneum afin d’honorer la mémoire de Paul Otlet et Henri La Fontaine en tant que pionniers de l’Internet en Europe.
  • Le Répertoire bibliographique universel inscrit au registre "Mémoire du monde" de l'Unesco

    Depuis 2013, le Répertoire bibliographique universel figure parmi les documents et collections documentaires inscrites au registre "Mémoire du monde" de l'Unesco. La mission du programme "Mémoire du monde" consiste à faciliter la conservation du patrimoine documentaire mondial avec les techniques les mieux appropriées, à aider à assurer un accès universel au patrimoine documentaire, et à mieux faire prendre conscience, partout dans le monde, de l'existence et de l'intérêt du patrimoine documentaire.
  • Le Mundaneum reçoit le "Label du Patrimoine Européen"

    Les sites du "Label du Patrimoine Européen" sont des jalons dans la création de l'Europe d'aujourd'hui. Le réseau de personnes et d’institutions tissé par Paul Otlet et Henri La Fontaine a contribué à l’échange et à l’ouverture de partenariats nouveaux en faveur d’un dialogue interculturel à l'échelle européenne et mondiale, basé sur la diversité nationale ou régionale. Le Mundaneum est ainsi le symbole historique de la paix par la culture en Europe.

L'origine du Mundaneum remonte à la fin du XIXe siècle. Créé à l’initiative de deux juristes belges, Paul Otlet (1868-1944), père de la documentation, et d’Henri La Fontaine (1854-1943), prix Nobel de la paix, le projet visait à rassembler tous les savoirs du monde et à les classer selon le système de Classification Décimale Universelle (CDU) qu’ils avaient mis au point.

Berceau d’institutions internationales dédiées à la connaissance et à la fraternité, le Mundaneum devint, au cours du XXe siècle, un centre de documentation à caractère universel. Ses collections, composées de milliers de livres, journaux, petits documents, affiches, plaques de verre, cartes postales et fiches bibliographiques ont été constituées et hébergées dans différents lieux bruxellois, dont le Palais du Cinquantenaire.

Un projet plus grandiose prit ensuite forme, celui d’une Cité Mondiale pour laquelle Le Corbusier réalisa plans et maquettes. L’objectif de la Cité était de rassembler, à un degré mondial, les grandes institutions du travail intellectuel : bibliothèques, musées et universités. Ce projet ne pourra finalement jamais se réaliser. Utopique par excellence, le projet du Mundaneum a été en effet très vite confronté à l'ampleur du développement technique de son époque.

L’héritage documentaire conservé actuellement se compose, outre des archives personnelles des fondateurs, de livres, de petits documents, d’affiches, de cartes postales, de plaques de verre, du Répertoire Bibliographique Universel, du Musée International de la Presse et de fonds d’archives relatifs à trois thématiques principales : le pacifisme, l’anarchisme et le féminisme.

Le Mundaneum est aujourd’hui installé à Mons et, depuis 1998, doté d’un espace d’exposition dont la scénographie a été conçue par François Schuiten et Benoît Peeters. Dans ce lieu, entre passé et présent, des expositions et des conférences liées à ce patrimoine d’exception sont régulièrement organisées. Une importante commémoration du centième anniversaire du Prix Nobel d’Henri La Fontaine est programmée en 2013 tandis que 2012 marquait le début d’une collaboration avec Google, reconnaissant ses origines en le Mundaneum, « Google de papier » (Le Monde, 2009).